Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
TarnDébatCitoyen
11 décembre 2007

de quelles "performances" notre état actuel est capable.

" 30 gendarmes ont encerclé la ferme, embarqué Michel en garde à vue jusqu'à 20h, et Tengiz et Zurab vers le centre de rétention de Lyon"
----------
  J'écris au sujet de mon ami Michel TERS, et de ses compagnons d'infortune Tengiz et son fils Zurab Galustov. Michel est agriculteur biologique et paysan-boulanger à Roumégoux, petite commune du sud-Cantal, certains parmi vous le connaissent aussi personnellement. Il a été sollicité voici plusieurs mois pour héberger Tengiz et Zurab, réfugiés géorgiens déboutés de leur demande d'asile.  Zurab, 20ans, était scolarisé normalemnt au lycée technique d'Aurillac jusqu'en janvier et très bien intégré. Malgré la forte mobilisation des lycéens et associations à l'époque, il a été contraint d'arrêter ses études et de se cacher avec son père grâce au Réseau Education Sans Frontières local. Après plusieurs semaines éprouvantes de caches, ils sont donc arrivés chez Michel Ters , Françoise sa femme et leurs deux enfants.
  Michel les a accueillis et des liens d'amitié ont continué à se tisser entre eux et les amis gravitant autour de la ferme-boulangerie. Tengiz, qui a appris le français et le parle très bien, s'est vite adapté à cette nouvelle vie, au point que Michel a finalement envisagé de l'embaucher  pour travailler avec lui sur la ferme et permettre sa régularisation. Il a fait pour cela toutes les démarches légales requises : déclaration d'embauche, versement d'un salaire mensuel et paiement des cotisations à la Mutualité sociale agricole depuis le mois de septembre.
  Par ailleurs , un amendement voté relatif aux nouvelles lois sur l'immigration rend possible la régularisation de travailleurs clandestins en possession d'un contrat de travail de plus de 3 mois. Il s'agit d'un pouvoir discrétionnaire, c'est à dire laissé à l'appréciation de l'administration compétente (la Préfecture).

  Considérant que son action devenait de fait légitimée par ce texte de loi voté par l'Assemblée, et vu l'importance de créer un emploi agricole dans un département en forte diminution d'actifs agricoles, Michel a décidé de continuer à agir en pleine lumière. Il a souhaité rencontrer des élus (de tous bords politiques)  ainsi que les deux députés du Cantal , qui ont voté cette loi, afin qu'ils la mettent en "pratique".... J'étais présent avec lui lors d'une entrevue avec eux le 8 novembre. Ils ont écouté avec attention et, je pense, la volonté de clore au mieux ce dossier.

  Quoi qu'il en soit, mardi 27 novembre au matin , 30 gendarmes ont encerclé la ferme, embarqué Michel en garde à vue jusqu'à 20h, et Tengiz et Zurab vers le centre de rétention de Lyon, d'où la procédure d'explusion suit son cours. Michel n'est pas inculpé à ce jour , mais risque une forte amende et autour de deux ans de prison pour emploi d'une personne en situation irrégulière, aide à séjour irrégulier et suspicion de travail dissimulé.  Il est possible qu'une forte mobilisation arrive encore à arrêter ces processus.

  J'ignore la réalité exacte de la vie quotidienne en Géorgie, j'ignore la vie passée de Tengiz, qui était apparement chauffeur d'un opposant politique et à ce titre menacé ainsi que sa famille. J'ignore le sort qui les attend s'ils retournent en Géorgie. Je sais seulement que je ressens de la fraternité et de l'amitié pour Tengiz et Zurab. Je sais aussi qu'avant d'apporter ma caution, j'ai eu besoin de demander son sentiment profond à Michel sur cette situation, et qu'il m'a répondu dans les yeux qu'il faisait confiance à Tengiz. Et moi je fais confiance à Michel, je crois qu'il n'a qu'une parole, et je crois dans la force simple de la parole donnée et des regards échangés, et je crois dans la beauté et la grandeur de cette rencontre entre des hommes qui se reconnaissent comme frères et solidaires au-delà des frontières administratives.

  Si on m'avait sollicité à la place de Michel, je prie pour avoir eu son courage et sa persévérance à rester "humain", et peut-être serai-je aussi un jour interpellé pour une aide à  personne en situation irrégulière . Et peut-être serez-vous aussi un jour inquiétés pour une aide à une personne en situation irrégulière . J'ai désormais l'impression que cela peut arriver à toute personne qui considère un étranger comme un frère , et comme un "ami qu'on n'a pas encore rencontré"...
  Et comme le fait remarquer Michel avec humour, il s'agit ici d'un étranger qui ne vient pas "manger le pain des Français", mais faire du pain pour des Français !!...

  Voila. Merci de votre attention ; prendre connaissance de ce courrier c'est déjà une marque de solidarité, je crois qu'une large prise de conscience de la situation peut aider à trouver un jour des solutions collectives pour continuer à vivre ensemble et en paix sur le sol français.
  Ceux qui peuvent diffuser ce courrier sont les bienvenus. Ceux qui peuvent venir à la manifestation de soutien sont bienvenus samedi matin à 10h au marché d'Aurillac où Michel vend normalement son pain à ses clients et "co-pains".

  Pour ceux qui veulent plus d'informations, ci-joint la copie d'un article paru dans la presse mercredi, c'est ce que j'ai de plus complet sur la situation à ce jour.
  Autres contacts :
  => RESF 15 : Contact: collectif15.ucijresf@laposte.net
  Informations sur le Collectif 15 UCIJ RESF mises à jour sur:
  http://www.educationsansfrontieres.org/article.php3?id_article=1106
  => Cimade 15 : 06.83.47.38.21, naima.horchani@laposte.net <mailto:naima.horchani@laposte.net>

    Merci encore de votre attention,
   Pierre Couderc,
  (Agriculteur bio) -   le Bouyssou,
  15600 Maurs, -   tel 04 71 49 01 54

  ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
  Ils avaient quitté Aurillac le 19 février
  Tengiz Galustov a dû quitter son pays, la Géorgie, en mai 2003. « Ca devenait tout simplement dangereux pour ma vie. J'avais des problèmes avec la police car j'étais chauffeur dans un parti politique d'opposition », nous confiait-il au mois de février 2007. Entre-temps, en février 2005, il avait été rejoint à Aurillac par son fils Zurab, sur lequel les menaces s'étaient reportées. Et pendant deux ans, les deux hommes ont vécu ensemble dans la cité géraldienne. Tengiz a suivi des cours de français, Zurab a été scolarisé au lycée Mermoz en maintenance des systèmes mécaniques automatisés. Mais leurs différents demandes et recours pour obtenir un titre de séjour en tant que réfugiés ont été refusés car, notamment, la Géorgie est considérée comme un « pays sûr ». Malgré le soutien du Réseau éducation sans frontière, la mobilisation des lycéens de Monnet-Mermoz, le parrainage de la ville d'Aurillac, les différentes manifestations devant la préfecture, le père et le fils Galustov ont reçu, en janvier 2007, une « invitation » à quitter le territoire. Trente jours plus tard, soit le 19 février, ils étaient expulsables. « On est obligés de se cacher », avait alors regretté Tengiz Galustov.

  Expulsables, cachés... et retrouvés
  APRÈS AVOIR ÉTÉ AU COEUR D'UNE MOBILISATION À AURILLAC POUR LEUR RÉGULARISATION EN DÉBUT D'ANNÉE, DEUX SANS-PAPIERS GÉORGIENS ONT ÉTÉ ARRÊTÉS, HIER, À ROUMÉGOUX.
  «Mais qu'est-ce qui se passe à Roumégoux ? Qu'est-ce qui nous vaut tout ce déploiement ? » Derrière les vitrines d'un café du Rouget, les clients sont surpris de voir un défilé d'une dizaine de voitures de gendarmerie prendre la direction du village voisin.
  Hier, à 9 heures, c'est exactement au lieu-dit « La Barreyrie » que les gendarmes d'Aurillac et de Saint-Mamet sont arrivés, en nombre, pour interpeller Michel Ters, Tengiz Galustov et son fils Zurab. Si le premier est connu dans le monde agricole et le milieu associatif, les deux sans-papiers géorgiens étaient, eux, au coeur de l'actualité au début de l'année quand plusieurs actions avaient été menées pour leur régularisation. En vain.
  Depuis le 19 février, ils étaient hébergés dans le Cantal, grâce à un réseau d'amis. Ces derniers mois, ils étaient chez Michel Ters. Et le secret était loin d'en être un, car la mobilisation perdurait. Plusieurs élus du Cantal avaient d'ailleurs été sensibilisés au sort des deux Géorgiens.
  « En septembre, Michel Ters voulait sortir de cette situation pour ouvrir une voie à la régularisation », explique Michel Macizek, un ami des Galustov et un partenaire de Michel Ters dans différents combats. « Alors, on a joué la transparence. Michel Ters a fait un dossier à la Mutualité sociale agricole. Il a voulu embaucher Tengiz. Il lui a versé un salaire et il a payé des cotisations. » De son côté Zurab était près d'obtenir un contrat d'apprentissage.
  « Mais, comme il manquait le titre de séjour pour le contrat de Tengiz, la mutuelle a prévenu de l'illégalité du contrat et la préfecture a emboîté le pas », regrette Michel Macizek. La préfecture a alerté l'agriculteur ainsi que le parquet sur l'illégalité de la situation. « Sur ordonnance du tribunal de grande instance d'Aurillac, la gendarmerie nationale est intervenue car il y avait une suspicion de faits délictueux, avec du travail illégal et l'emploi d'une personne en situation irrégulière », explique Paul Mourier, le préfet du Cantal.
  Mais, hier matin, quand la trentaine de militaires est arrivée à « La Barreyrie », Zurab Galustov a porté un couteau sur les veines de son poignet.
  Le capitaine Leduc, commandant de la compagnie de la gendarmerie d'Aurillac, et ses hommes ont alors fait face à une situation délicate. De longues heures de discussion, l'arrivée d'un négociateur, mais aussi le fait « que les Galustov ne sont pas des têtes brûlées et qu'ils savaient que cette situation ne ménerait à rien », comme le souligne Michel Macizek, ont abouti à l'arrestation, dans le calme, des deux Géorgiens à 15 heures. A ce moment-là, Michel Ters était déjà en garde à vue à Aurillac pour « aide au séjour et travail dissimulé par dissimulation de salarié ». Les Galustov étaient, eux, emmenés à la gendarmerie de Saint-Mamet. Comme ils sont sous le coup d'une obligation de quitter le territoire depuis le mois de janvier, leur garde à vue devrait déboucher sur un placement en centre de rétention. Avant, peut-être, une expulsion vers leur pays d'origine.
  C'était ce que craignaient les deux hommes, hier, quand les véhicules de gendarmerie traversaient Le Rouget. « Mais qu'est ce qu'ils ont fait de mal ? », s'interrogeait-on, alors, derrière la vitrine du café.

Publicité
Publicité
Commentaires
TarnDébatCitoyen
Publicité
Publicité