Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
TarnDébatCitoyen
18 septembre 2008

Présentation de Juan Chávez Alonso

Juan Chávez Alonso est paysan, et fut maître d'école indigène à Nurío,
dans le Michoacan, à l'ouest de la ville de Mexico. Il appartient à la
nation p'urhépecha, dont la langue est l'une des 62 encore parlées dans
le Mexique d'aujourd'hui.

Porte-parole de sa communauté, membre du Congrès National Indigène, il a
repris, aux côtés des zapatistes mayas et zoques de l'EZLN au Chiapas,
des Yaquis du Sonora, des Zapotèques et des Mixes de l'Oaxaca, des
Nahuas et des
Amuzgos du Guerrero, des Mazahuas de l'État de Mexico, etc, la vieille
marche
de la résistance indienne contre l'oubli et l'extermination programmée
des peuples premiers, contre le saccage de notre mère la Terre, et celui
des
sociétés humaines qui ont su l'habiter, la connaître et la protéger
pendant des dizaines de milliers d'années. En 2001, sa communauté a
accueilli le 3ème Congrès National Indigène, dans le cadre de la Marche
de la Couleur de la Terre entreprise par le mouvement zapatiste pour
tenter de trouver une
solution à l'application des Accords de San Andrés sur les Droits et la
Culture indigènes, signés cinq ans auparavant entre l'EZLN et le
gouvernement fédéral, mais jamais appliqués par ce dernier.

De sa parole digne et rebelle, sans concession sur l'actuel désastre
politique, économique, environnemental et social, et sur la soumission
que ce désastre  a engendré, on peut retenir, imparfaitement, quelques
éléments :

- Il est impératif de respecter la diversité et les droits historiques
des peuples premiers, notamment celui d' être libres et autonomes sur
les territoires qu'ils habitent, et qu'ils ont su, bien mieux que les
sociétés dites "avancées", respecter et conserver contre vents et marées
(en Amérique latine, 80 % de la biodiversité préservée est concentrée
dans les zones peuplées en majorité d'indigènes).

- Il faut mettre un terme, le plus rapidement possible, à la folie
furieuse déchaînée par le système capitaliste industriel, appelé
aujourd'hui néolibéralisme. Celui-ci est entré dans une spirale sans fin
d'exploitation, de guerres et de violences, pour s'approprier les
ressources et faire tourner ses industries, en même temps qu'il accélère
la destruction des sols, des eaux douces et des océans, l'empoisonnement
des airs et l'élimination d'un nombre sans cesse croissant d'espèces
animales et végétales. Avec par-dessus le marché la prétention morbide
de substituer aux lois du vivant les solutions high-tech,
commercialement rentables à court terme, produites par
la techno-science.

- Cette double démarche suppose à la fois une prise de conscience claire
de la gravité de la situation, du rôle néfaste de l'État et des
institutions internationales, et la décision d'un passage à l'acte
massif et déterminé :
il s'agit de boycotter le mode de vie et de consommation capitaliste, de
déserter son système de production mortifère. En même temps, il est
nécessaire de s'organiser, "en bas et à gauche", afin d'assurer la
récupération des moyens de production (en premier lieu la terre) de la
vie matérielle et sociale, et leur gestion collective, horizontale et
démocratique, pour la satisfaction des besoins fondamentaux de toutes et
tous.
Les traditions de solidarité, d'ouverture et de tolérance, le souci de
reconstruire en commun, la récupération des connaissances indispensables
à l'autonomie en matière d'alimentation, de santé, d'éducation, etc, la
conscience de nos liens avec la nature, et de notre appartenance à des
territoires (terres, rivières, forêts, montagnes, lacs et mers, plantes
et animaux, ressources énergétiques et paysages) qu'il nous appartient
de défendre, préserver et reconquérir contre les Etats et les
entreprises nationales et transnationales qui les détruisent et les
transforment en objets de lucre et de dispute, la volonté de vivre
ensemble, de manière paisible et heureuse, peuvent l'emporter sur la
logique de division, du chacun pour soi, de concurrence et
d'affrontement, où individus et collectivités sont déshumanisés et
broyés par le pouvoir de la machine et de l'argent.

Juan Chávez est en France pendant un mois et demi, jusqu'au 15 octobre.
Pour parler de la répression, de la guerre de basse intensité  que
subissent les villages, tribus, peuples et nations indiennes et «
métisses » du Mexique au Chiapas, dans l'Oaxaca, le Guerrero, le Sonora,
à Atenco...  Mais aussi des résistances et de cet ambitieux projet
qu'est l'Autre Campagne, initiée à la suite de la publication en juin
2005 de la 6ème Déclaration de la Forêt Lacandone.  Il vient rencontrer
les individus, groupes et collectifs qui souhaitent procéder à un
échange d'analyses, de réflexions et d'expériences.
Sur le monde actuel, sur le regard que nous lui portons, sur nos désirs
et nos rêves, sur notre histoire et nos luttes, nos échecs comme nos
espoirs.
Sur les valeurs indigènes et universelles de respect de la terre,
d'autonomie et de dignité, sur les traditions de résistance et de
solidarité, dont la mémoire imprègne encore nos campagnes et nos banlieues.

Publicité
Publicité
Commentaires
TarnDébatCitoyen
Publicité
Publicité